Syndrome des ovaires polykystiques

Textes de MedSexPlain & Sexopraxis · Illustrations de Noémie Creux
Syndrome des ovaires polykystiques

Définition

Le syndrome des ovaires polykystiques - ou SOPK - est une maladie endocrinienne, c'est-à-dire une maladie liée à un mauvais fonctionnement des hormones. Elle a des conséquences importantes sur la santé car elle peut provoquer des troubles de la fertilité, une augmentation de la pilosité (hirsutisme) et des complications métaboliques (comme par exemple du diabète). Elle touche 10% des personnes ayant un utérus.

On ne comprend pas encore les causes précises du SOPK et il n’existe aujourd’hui aucun traitement spécifique pour le soigner. Par contre, on peut traiter les symptômes.

Symptômes

Le SOPK peut apparaître dès l’adolescence. Voici les principaux symptômes :

  • des règles irrégulières (anormales, espacées ou trop fréquentes) ou absentes
  • une pilosité importante sur le visage ou d’autres parties du corps
  • de l’acné
  • une tendance à prendre du poids ou une difficulté à en perdre
  • des tâches foncées sur la peau : le plus souvent sur la nuque, sous les bras et à l’intérieur des cuisses (l’aine).

L’intensité et le nombre des symptômes varient d’une personne à l’autre. Il se peut que tu ressentes certains symptômes, mais cela ne veut pas dire que c’est un SOPK. Seul un bilan gynécologique peut confirmer le diagnostic.

Diagnostic

Le diagnostic du SOPK repose sur 3 critères:

  • la présence excessive d'hormones masculines (les androgènes) qui peut générer une pilosité excessive (hirsurtisme), la chute de cheveux ou poils (alopécie), et de l’acné.
  • des cycles menstruels de moins de 21 jours ou de plus de 35 jours (alors qu'un cycle menstruel "standard" est d'environ 28 jours) qui provoquent des troubles de l'ovulation.
  • des ovaires avec des follicules (c’est à dire le stade avant l’ovule) en excès.

Une consultation gynécologique est nécessaire pour poser le diagnostic. Au cours de la consultation, le ou la gynécologue te pose d’abord des questions sur ton cycle menstruel et sur ton état de santé.

Ensuite, il ou elle pratique un examen physique et te fait une prise de sang pour connaître les taux d'hormones, de sucre et de cholestérol dans ton sang.

Il ou elle peut aussi faire une échographie abdominale pour regarder tes ovaires, ton utérus et ta vessie. Chez les personnes atteintes de SOPK, les ovaires sont légèrement plus gros et ont des petits kystes, plus ou moins nombreux. Ces kystes ne sont pas graves. En réalité, ce sont des follicules ovariens (les petits sacs qui contiennent les ovules) et il n’y a pas besoin de les enlever.

Face à un diagnostic, tu peux te sentir triste ou avoir de l’anxiété. Il se peut que tu ressentes aussi du soulagement en connaissant le raison de tes problèmes de santé.

Si tu souffres de SOPK, il est important que tu aies une prise en charge médicale car il y a des risques de développer des complications plus tard. Par exemple : un allongement du délai avant de tomber enceint·e, une infertilité, un prédiabète et un diabète, des maladies cardiovasculaires, un syndrome d’apnée du sommeil ou un cancer de l’utérus. Mais, avoir un SOPK ne veut pas dire que tu auras ces complications.

Pourquoi ça m’arrive ?

Le SOPK a pour origine un déséquilibre hormonal. Les hormones sont des messagers chimiques sécrétés par des glandes. L’une d’elles, l’hypophyse, est une glande située au niveau du cerveau. Elle sécrète deux hormones – la FSH et la LH – qui régulent le cycle ovarien. Leurs taux dans le sang varient au cours du cycle menstruel: c’est ce qui permet l'ovulation et les règles. Le taux de base de LH est normalement plus bas que celui de FSH.

Chez les personnes qui souffrent de SOPK, le taux de ces hormones varie peu au cours du cycle ovarien et le taux de base de LH est plus haut que celui de FSH. Cela provoque une surproduction d'androgènes ovariens, ce qui perturbe le cycle menstruel.

De plus, le taux de testostérone (hormone produite par les ovaires, habituellement en petite quantité) dans le sang augmente. Cette hausse cause un excès de poils sur le visage et le reste du corps, et de l’acné.

Le taux d’insuline (hormone produite par le pancréas) dans le sang a aussi tendance à augmenter en cas de SOPK. On parle d’insulino-résistance. Cela provoque des tâches brunes sur la peau et peut empêcher l’ovulation.

Qui consulter ?

Il n’y a pas de traitement pour soigner le SOPK. Mais on peut traiter les symptômes.

Prévenir le risque de diabète

Avoir un mode de vie sain, une alimentation équilibrée et une activité physique régulière permettent d’équilibrer le taux d’insuline dans le sang, de garder le cœur en forme et de réduire le risque d’apparition d’un diabète. Il est également conseillé d'arrêter la consommation de tabac.

Régulariser le cycle menstruel, réduire la pilosité et l’acné

Les traitements à base de médicaments visent à régulariser le cycle menstruel, diminuer la pousse des poils et l’acné. Il existe différentes options :

  • Le traitement hormonal contraceptif : sa forme la plus courante est la pilule contraceptive. Mais il y a d’autres traitements hormonaux comme l’anneau vaginal ou le patch. Ces traitements peuvent être prescrits même si tu n’as pas d’activité sexuelle, car ils vont corriger le déséquilibre hormonal en faisant baisser ton taux de testostérone. Cela réduira l’acné et la pousse de poils. Ces traitements régularisent aussi les saignements (ou « fausses règles » que tu as lorsque tu prends un contraceptif hormonal), et réduisent le risque de cancer de l’utérus (qui est légèrement plus élevée chez les personnes avec un utérus qui ont des règles irrégulières).
  • Un médicament antidiabétique pour réduire le taux d’insuline dans le sang et l’insulino-résistance. Il est très utile chez les personnes en surpoids qui ont un taux d’insuline élevé et celles ont un pré-diabète ou un diabète. Il est possible de combiner le traitement hormonal contraceptif et le médicament antidiabétique. Ces options seront à envisager avec ton ou ta gynécologue.

Traiter l’acné

Il existe plusieurs façons de traiter l’acné :

  • des crèmes à appliquer sur la peau
  • des médicaments antibiotiques à prendre par voie orale
  • des traitements hormonaux
  • etc.

Parles-en avec ton ou ta gynécologue. Si tu consultes un ou une dermatologue, pense bien à lui signaler que tu as un SOPK.

Avoir un suivi régulier

Il est important de consulter régulièrement ton ou ta gynécologue et de faire les contrôles sanguins qui te seront prescrits. Comme tu as un risque un peu plus élevé de développer un diabète, ton ou ta gynécologue mesure également ta glycémie une fois par an. Dans certains cas, il ou elle peut te conseiller de faire un test de provocation au glucose.

Thérapies complémentaires

  • un ou une psychologue pour du soutien psychique et l’acceptation de la maladie chronique
  • un ou une naturopathe pour l’alimentation et le soutien par les plantes
  • un ou une spécialiste de la diététique pour l'alimentation glycémique basse
  • un ou une sexologue pour l'accompagnement au plaisir, la communication érotique, le consentement, la sexualité sans douleur, la réappropriation du corps et de la génitalité.

Avec les pros de la santé, communique la date de tes règles et le début des perturbations que tu as observées : troubles menstruels, pilosité excessive, acné et prise de poids.

Il est important que tu trouves un langage commun avec le ou la pro. Ose demander les définitions des mots que tu n’as pas compris. Si tu dois faire un examen gynécologique et que cela te stresse, dis-le. Il est important que tu te sentes en sécurité et que ton consentement soit explicite et éclairé. Si tu ressens qu’on ne te respecte pas, ou si tu as l’impression qu’on te juge, tu as le droit de le dire et de consulter un ou une autre pro. Fais-toi confiance : si un traitement ne te convient pas, tu as le droit de le dire. Tu es la personne experte de ton corps.

schéma : Le schéma représente un utérus en coupe. Du côté gauche, l'ovaire contient un nombre normal de follicules et kystes. Du côté droit, l'ovaire est anormalement rempli de kystes et follicules en grande quantité, comme dans le cas d'une personne souffrant de SOPK.

Représentation des kystes dans les ovaires avec ou sans SOPK

schéma : Schéma représentant le cycle menstruel avec ou sans SOPK. Lorsqu'il n'y a pas de SOPK, pendant la période d'ovulation, on observe un pic normal d'hormones sécrétées par l'hypophyse. Lorsqu'il y a un SOPK, il n'y a pas de pic hormonal pendant l'ovulation, il y a une absence de règles et un taux de LH anormalement élevé.

Cycle menstruel avec ou sans SOPK