Vaginisme

Textes de MedSexPlain & Sexopraxis · Illustrations de Noémie Creux
Vaginisme

Définition

Le vaginisme est une contraction musculaire involontaire qui rend douloureuse, voire impossible, une pénétration vaginale. Malgré son nom, ce problème ne vient pas du vagin lui-même, mais des muscles du plancher pelvien (ou périnée) qui entourent le vagin.

Les muscles du plancher pelvien servent à maintenir les organes internes à leur place. Quand on souffre de vaginisme, ces muscles se contractent de manière réflexe lorsqu’il y a une tentative de pénétration réelle ou imaginaire (par exemple quand tu anticipes une pénétration ou quand tu te souviens d’une pénétration). La contraction est donc involontaire et incontrôlable.

Les mécanismes exacts sont toujours incompris, mais une composante psychique, notamment de l’anxiété liée à la pénétration, est probable.

Symptômes

Le symptôme principal du vaginisme est une contraction involontaire du vagin lors d’une pénétration. Elle peut arriver en introduisant un doigt, une cup menstruelle, un tampon hygiénique, un spéculum, un pénis, etc.

Lorsque les contractions se produisent à chaque pénétration, on parle de «vaginisme global». Quand elles se produisent seulement dans des situations particulières (par exemple pendant les rapports sexuels ou l’examen gynécologique), on parle de «vaginisme situationnel». Le vaginisme peut être complet (contraction complète de l’entrée du vagin) ou partiel (petite ouverture).

Le vaginisme peut être inconfortable mais il est généralement indolore tant qu’il n’y a pas de pénétration. Une tentative de pénétration peut provoquer une forte douleur. Elle peut provoquer une sensation de brûlure ou de déchirement, ou donner l’impression de «heurter un mur». Parfois, la douleur s’atténue pendant les rapports sexuels.

La douleur et la pénétration forment un cercle vicieux : la peur de la douleur déclenche la contraction, ce qui provoque la douleur et augmente la peur de la pénétration. Cette douleur est bien réelle, elle n’est pas imaginaire ni «dans la tête».

Le vaginisme a un impact sur la sexualité : les personnes qui en souffrent peuvent perdre l’estime de soi, avoir une baisse de la libido et trouver des stratégies pour éviter la pénétration.

Diagnostic

L’examen gynécologique est nécessaire pour confirmer le diagnostic de vaginisme et éliminer toute autre cause à cette impossibilité de pénétration. Si tu ressens des douleurs pendant les rapports pénétratifs, il est important d'avoir un bilan gynécologique.

Avant l’examen gynécologique, tu peux simplement discuter avec le ou la gynécologue et lui poser tes questions. N'hésite pas dire que l'auscultation te fait peur : il ou elle saura te mettre en confiance pour que tout se passe au mieux.

Avec un vaginisme, il n'est pas toujours possible d'insérer un spéculum (ou autre objet d'auscultation). Si tu te sens ok d'insérer quelque chose dans ton vagin ce jour-là, n'hésite pas à demander à insérer le spéculum toi-même. Si tu ressens des douleurs lors de l'examen, demande à arrêter, il ne faut pas forcer.

Pourquoi ça m’arrive ?

Le vaginisme a longtemps été méprisé et mis sur le compte des femmes « pas assez détendues » ou « frigides ». Tout cela est faux. Le vaginisme est un problème fréquent et tu n’as pas à avoir honte.

On distingue deux types de vaginisme selon le moment où celui-ci est apparu :

  • Le vaginisme primaire : la pénétration est impossible ou difficile depuis toujours. Le vaginisme primaire apparaît au début de la vie sexuelle
  • Le vaginisme secondaire (ou acquis) : cette forme apparaît après une vie sexuelle satisfaisante et sans problème particulier.

Dans les deux cas, plusieurs facteurs peuvent l’expliquer :

  • Des difficultés relationnelles
  • Une éducation sexuelle culpabilisante
  • Un vécu de violences sexuelles.

Que puis-je faire solo ?

 Qu’il soit primaire ou secondaire, le vaginisme n’est pas une fatalité. La bonne nouvelle est que tu peux guérir : avec de la patience et de la douceur, tu peux «désapprendre» ce réflexe de contraction musculaire involontaire.

Pour cela, tu peux apprendre à contrôler les muscles de ton plancher pelvien grâce à des exercices. Ces exercices ont pour but de t’aider à apprivoiser ton corps et à habituer progressivement ton vagin à une pénétration sans douleur, sans le forcer ni le brusquer.

Quelques conseils:

  • Apprends à connaître ton corps et l’anatomie de ton vagin: tu peux par exemple observer ta vulve avec un miroir, la toucher et regarder un schéma anatomique pour pouvoir identifier les différentes parties de ta vulve
  • Prends conscience de tes muscles et de leur contraction grâce à des exercices de respiration et décontraction (par exemple avec les exercices de Kegel : tu contractes tes muscles pelviens comme si tu souhaitais arrêter d'uriner, puis tu relâches).
  • Si tu en as l’envie, tu peux essayer la pénétration. Tu peux commencer à l’explorer en insérant doucement un doigt dans ton vagin. Si tu te sens à l’aise de continuer l’exploration et que tu n’as pas mal, tu peux utiliser des objets de confort sexuel. Tu peux par exemple utiliser des dilatateurs vaginaux. Ce sont des objets en plastique ou en silicone de différents diamètres qui te permettent d’explorer la pénétration en douceur, à ton propre rythme. Si tu éprouves la moindre douleur, ne force surtout pas. Avant d’insérer un doigt ou dilatateur, pense à utiliser beaucoup de lubrifiant pour faciliter la pénétration.
  • Fais-toi confiance et sois à l'écoute de ton corps et de tes émotions lorsque tu as un rapport sexuel. Communique avec ton ou ta partenaire sur tes envies, tes limites, tes douleurs.

Qui consulter ?

Il existe de nombreuses aides pour t'aider à gérer ton vaginisme. À toi de trouver celles qui te conviennent le mieux.

Les quatre spécialistes qu’on consulte le plus souvent pour les douleurs sexuelles sont les gynécologues, les kinésithérapeutes (ou physiothérapeutes), les sexologues et les psychologues.

Une approche pluridisciplinaire avec différent·exs spécialistes travaillant simultanément sur le corps et le mental donne souvent de bons résultats.

  • Le ou la gynécologue pose le diagnostic du vaginisme.
  • La kinésithérapie ou physiothérapie t'aide à connaître ton corps et détendre les muscles de ton périnée grâce à différents types d’exercices externes et intravaginaux (si l'insertion d'un doigt est possible).
  • Le ou la sexologue t’apprend à relâcher ton périnée. Son travail consiste à te donner un espace d'écoute, d'avoir un accompagnement au plaisir, à la communication érotique, au consentement et à la réappropriation de ton corps.
  • Le ou la psychologue (sexologue ou non) travaille avec toi sur les possibles causes de ton vaginisme et t'aide à vivre une sexualité épanouie.

Voici quelques exemples de sujets qui pourraient être explorés lors de consultations sexo-psychologiques:

  • L’angoisse liée à la pénétration
  • L’image de soi, du couple et des rôles genrés
  • Les tabous autour de la sexualité
  • L'éducation sexuelle reçue
  • Le manque de confiance en soi
  • Le contrôle

Thérapies complémentaires

  • l'ostéopathie
  • l’acupuncture
  • la périnéologie

Si jamais tu ne te sens pas à l'aise avec les spécialistes que tu consultes, ou que leurs méthodes ne te conviennent pas, n'hésite pas à changer de spécialiste ou à essayer une thérapie qui te plait davantage.
Garde en tête qu’une thérapie demande du temps, du travail et de la patience : rien ne se joue à la première séance.

schéma : Shéma anatomique d’un vagin décontracté

Vagin décontracté

schéma : Shéma anatomique d'un vagin contracté

Vagin contracté